L’Ecorce et le Noyau / Phase I / Livret
Inventaires-Textes
sports d’hiver, laines polaires, roches sédimentaires, un cercle par an
marches militaires, itinéraires, ménagères de moins de cinquante ans
grand-mères, grammaires, titulaires, nouveaux nés sortis du corps enseignant
jeux de plein air, mal de mer, moustiquaires, mauvais taons,
…….verbe faire, passé, présent
1er Cycle, 2e Cycle, 3e cycle…cycle, cycle, cycle, cycle, cigle, cigle, cynicle,
cynicle, siècle, si-ècle, cercle, cercle, cercle, cirque, cirque, cirque, circle circle, cycle cycle…
Cycles polaires, cursus solaires, année lumières, demain,
Réverbères, dé-libèrent, abécédaires, latin
Vocal’bullaire, héréditaire, prépuces-culaires, sanguin…
reliquaires, antiquaires, utilitaires, totalitaires, tout où rien
Diptères, latécoaires, hélicoptères, milliardaires, pingouins
gangsters, phacochères, pécaris grégaires, marcassins,
panthères, serpentaires, vipères, au poing !
…cycle, cycle, cycle,1er siècle, 2e siècle, 3e siècle, 4e siècle, 5e siècle…
Animateur tel est le mono-poly gamme-ovaires
telle est la réalité
Maillon fort, plaisirs intérimaires,
Tant sondages sont d’âges à durée déterminée
Larve de diptyques plus et moins tectoniques….
…plaqués or
Nyctalope, nychtémère
Jours et nuits, vivants-morts
Polymères oxymores…
Cycles II
je sais pas bien…, si je s’rai digne…de passer l’examen
Ouvrez les classes préparatoires,
posez vos devoirs aux vestiaires,
vos bestiaires aux larbins
qui seront les appariteurs
les intérmédiaires
les correcteurs
les académiciens
et rendez vous aux abattoirs
y’aura des hyènes y’aura des chiens
je sais pas bien
bientôt maint’nant
le jour des sauterelles
Il faudra voir
c’qu’il f’ra noir
on verra rien
je le sens bien
qu’c’est le moment
de fair’vibrer les chanterelles
je le sens bien…
L’écorce et le noyau
Je suis de la caste des servants
Né pour assouvir ce monde
impatient, humain, éphémère,
A vous de regarder devant,
Moi servant je me courbe, je me tends vers…
Vous, aimants, sacrifices, vous n’êtes pas que de chair
J’ai donné sans vendre et ferai mon temps sur la Terre
A l’ombre du Grand Chemin
Et respecte tes propriétaires
Ils ont tout ce que tu n’as pas chacun sa galère
Ils sont tout ce que tu n’es pas né, Vois !
Chante l’éternelle louange locataire
Décrypte la parabole canal-satellitaire
Païen au premier samedi du mois
Et méfie toi de la satiété
Méfie toi !
au fil des ans tu n’as plus faim ne sais plus partager
Individu tu créés tes lois te joues de la société
Animateur tel est le mono-poly gamme-ovaires
telle est la réalité
Maillon fort, plaisirs intérimaires,
Tant sondages sont d’âges à durée déterminée
Rassasié de tes pairs
Infiniment trop tard, tombée
Intégrée la matière
Mort l’imaginaire
ne commets pas d’impair !
Inverse la polarité
Dès lors, imagine ! Erre !
Autrefois les savants aussi étaient populaires…
II.
Je suis de la caste des hauteurs anonymes
Maillon-Housse Moussaillon
Marin électron de la mer
Grain de sable engendré gendre d’une nouvelle ère
Personnel naviguant de la compagnie
Sédiment Air
Larve de diptyques plus et moins tectoniques….
…plaqués or
Nyctalope, nychtémère
Jours et nuits, vivants-morts
Polymères oxymores…
Je suis Sire Maillon-fleur de la chaîne hertzienne
Humanitaire
Seigneur des nano….modulators
Par radio je vous envoie les flairs
Je vous habille d’un grand manteau-neige de saphir
La mire de Station FM-R
La star du nord
Je suis de la caste des voyants
Aveugle-luminaire abandonné des yeux
Aveuglé lumineux essoufflé dans le verre
Mes carreaux sont des patries
Mon Verbe du « Faire »
J’enfile ma monture et ne vois au travers
Que le monde perçu,alangui, somnifère
Enfin réveillé
Le monde persuadé (DA-AD)
via le braille
analogue-digital transfert
Transmué…
Je suis de la caste des entendants
Je ferme les yeux j’entends l’univers
Point par point, son pour son
La grille des matrices, le bruyant abécédaire
Les choses et les êtres, pixels d’atmosphère
Je ne suis qu’un servant,
servant d’intermédiaire
Messager ambulant
brûlant d’arches temporaires
je suis…
© 2007. Jonathan Pontier. Tous droits réservés
« Sache que « l’intervalle » est une expression qui désigne ce qui sépare deux autres choses, comme la ligne qui divise l’ombre et le soleil, et, ainsi qu’Il a dit -qu’il soit exalté ! – au sujet du mélange des deux mers : » entre elles il y’a une barrière qu’elles ne peuvent franchir «
Elles ne peuvent franchir » signifie qu’elles ne peuvent se mêler l’une à l’autre à cause de cette barrière qui les sépare. Elle n’est pas discernable à la vue. Et quand soudain on la perçoit, la barrière n’existe pas.
Et quand la barrière sépare le connu et l’inconnu, le non existant et l’existant,
le nié et l’affirmé, et le rationnel et l’irrationnel,
on la nomme Intervalle, et cet Intervalle est l’imagination. »
Ibn Arabi
Après la « Maquette de la Rhéserection » (2001), sorte d’oratorio de l’absurde où se rencontraient pêle-mêle le politique et le religieux, le « clash » incessant des musiques populaires et savantes, via notamment, le satirique ou la parabole, j’ai voulu m’imaginer autre part, pourquoi pas auteur anonyme d’un médiéval imaginaire…
Le titre, L’écorce & le Noyau, renvoie au traité du cheikh Ibn Arabi, mais aussi à l’Al Andalous, cet âge où les libres-penseurs pouvaient être soufis, kabbalistes ou mystiques des grands dogmes monothéistes, sans aucun interdit de parole, mais au contraire, une circulation libre des spiritualités et des idées…
Réelle ou rêvée, à notre époque où même les idées se vendent, où la démocratie tente de se survivre à elle même, où la science cherche bien plus qu’elle ne trouve, cette « tangible réalité » dans laquelle je me suis immergé m’a amené à écrire en tendant vers l’unité expressive la plus absolue possible, en allant vers le sans forme, ce non-dit, non vu, non affirmé…qui serait le « Noyau ».
J’ai ensuite défini des entités musicales qui pourraient agir, interagir dans la pièce comme autant de « personnages » symboliques :
-Deux comédiens (le clown blanc et le bouffon)
-Chanteuse / comédienne / improvisatrice (la diseuse de bonne aventure)
-Chanteuse lyrique (la voix « d’avant »)
-Oud & Cistre (Orient(s) & Occident(s))
-Trio Jazz (Saxophones / Accordéon / Clarinette basse -les « Compagnons Tisseurs-Métisseurs »)
-Percussion classique / darbuka, zarb, bendir (Occident(s) & Orient(s)
-Quintette à cordes (le « double » du trio jazz, un autre « pôle »)
J’ai enregistré toutes ces « entités » indépendamment les uns des autres sans pour autant utiliser la méthode du re-recording. J’avais écrit très librement, au préalable, un grand nombre de pièces instrumentales et vocales, des « commentaires » ou des « digressions » de ces pièces, des textes longs et courts, des motifs mélodico-rythmiques, des canevas d’improvisation musicaux et textuels que j’appelai « inventaires ». J’avais, en outre, défini une « carte tempographique » qui permettait aux musiciens et moi-même, toujours de façon très libre, de définir des corrélations strictes de tempo et des prolations entre des enregistrements d’entités différentes, directement en studio. Toutes ces matières pourraient donc par la suite susciter des polyrythmies, des superpositions diverses. Idem pour les échelles mélodiques, en recourant notamment aux modes anciens.
Les musiciens et comédiens ont travaillé et enregistré bien plus de matières que ce que la pièce, telle que vous allez l’écouter, laisse entrevoir. Grande liberté à l’enregistrement donc, à moi ensuite de laisser la matière apparaître et « grandir » progressivement.
Après l’enregistrement, je me retrouvais avec des Gigaoctets d’ « écorces » et, après un énorme travail de montage, de choix de prises, de pré mixages et mixages divers, j’avais parcouru la circonférence de mon cercle expressif, j’avais fait « pousser » mes écorces ! Je commençais alors véritablement la composition (dans le sens premier du terme) de cette phase du projet l’Ecorce et le Noyau.
En conclusion, la pièce ‘phase I’, d’une durée de 32 minutes, présente des pièces sous telle ou telle forme, avec tel ou tel instrumentation, avec, en plus, telle ou telle mise en espace, avec tel type de travail électroacoustique : c’est le résultat d’une « alchimie furieuse » et évidemment volontariste, mais qui ne donne à entendre qu’UNE forme d’un projet qui est par nature polymorphe, et dont le véritable centre expressif n’est pas encore dévoilé.
(Votre serviteur)
Jonathan Pontier, avril 2007.
The Shell and the Kernel, Phase 1
Jonathan Pontier
2005-2006
Listen
Listen to what the servant has to tell you
You can’t write it
You can only lend an ear
Listen to these sonic Latécoaires
Listen to the tics of all these Inventories
Titular or telluric
These larvae of diptychs more or less tectonic… gold-plated
… nyctalopic… nycthemera… days and nights… living-dead…
polymers… polyglots… oxymorons…
Listen…
… shit we’re going round in circles shit we’re going round in circles shit we’re going round in circles…
(spoken by Bernard Milan, the character played by Bernard Blier in Yves Robert’s Le Grand Blond avec une Chaussure Noire)
« You should know that ‘the interval’ is an expression that designates what separates two other things, like the line that divides a shadow from the sun. And as He has said – praised be His name! – about the mingling of two seas: ‘Between them there is a barrier that they cannot cross.’
‘[T]hey cannot cross’ signifies that they cannot mix because of this barrier that separates them. It is not discernable to the eye. And when, suddenly, it is perceived, it no longer exists.
When the barrier separates the known from the unknown, the non-existent from the existent, the denied from the asserted, and the rational from the irrational, it is called an ‘Interval’, and this interval is the imagination. »
Ibn Arabi
After the « Maquette of the Rheserection » (2001), a sort of oratorio of the absurd, with the political and the religious thrown together any old way, and an incessant clash of popular and more intellectualised music, notably through satire or parabola, I wanted to imagine myself somewhere else, and – why not? – as an anonymous author of medieval imagination…
The title, The Shell and the Kernel, alludes to a treatise by Sheikh Ibn Arabi, but also to Al Andalous and the period when free thinkers could be Sufis, Kabbalists or mystics who adhered to the great monotheistic dogmas, with no prohibition on expression, but, on the contrary, free circulation of spiritualities and ideas…
Reality or dreams – in an age like ours, when even ideas are for sale, when democracy is trying to outlive itself, and when science is doing more seeking than finding, this « tangible reality » in which I am immersed gradually led me, in what I was writing, to strive for the most absolute possible expressive unity, moving towards the non-form, non-spoken, non-seen, non-stated… which is the « Kernel ».
I defined the musical entities that were to act and interact in the piece as symbolic « characters »:
• two actors: the white clown and the buffoon
• a singer-actress-improviser: the fortune-teller
• a classical singer: the voice back then
• an oud & a cittern: Orient(s) & Occident(s)
• a jazz trio: saxophones, accordion, bass clarinet – the « Companions-Weavers-Hybridisers »
• classical percussion: darbuka, zarb, bendir (Occident(s) & Orient(s))
• a string quintet: the « double » of the jazz trio, another « pole »
I recorded all these « entities », which were mutually independent, without using re-recording techniques. I wrote freely, to begin with – a large number of instrumental and vocal pieces, with « comments » on, or « digressions » from, the pieces, long and short texts, melodico-rhythmic patterns, canvases of musical and textual improvisation that I called « inventories ». I also made a « tempographic map » that allowed the musicians and myself, always with great freedom, to identify strict correlations of tempo and prolation between recordings of the different entities in the studio. The material could thus, subsequently, create various polyrhythms and superimpositions. And the same went for the melodic scales, which reverted, notably, to ancient modes.
The musicians and actors worked on and recorded much more material than the piece, such as you will hear it, would suggest. There was a great deal of latitude in the recording process, and it was my job to let the material emerge and « grow » progressively.
When the recording was done, I found myself with gigabytes of « shell », and, after an enormous amount of editing work that produced a selection of takes, pre-mixing and mixes, I found I’d gone round the circumference of my expressive circle, and « grown » my pieces of shell! That was when I really started composing (in the primary sense of the word) this phase of The Shell and the Kernel.
In conclusion, « Phase 1″ (30′ 30 »), presents pieces in particular forms, with particular types of instrumentation, spatialisation and electroacoustic treatment. This is the result of a « furious alchemy », and one which is certainly voluntaristic, but which makes audible just ONE version of a project that is by nature polymorphous – a project whose veritable expressive centre has yet to be unveiled.
(Your servant)
Jonathan Pontier, April 2007
L’écorce et le Noyau /the shell and the kernel (2007)
Credits
Words, music, arrangements, electronics, sound, mixing (XI), mastering, piano, percussion, voice: Jonathan Pontier
Mixing (I, II, III, IV, V, VI, VII, VIII, IX, X, XII): Sylvain Thévenard
Sound: Georges Sautour and Delphine Baudet
Actors: Olivier Constant and Damien Bigourdan
Actress, singer, improviser: Elise Caron
Classical singer: Maryseult Wieczorek
Oud, cittern: Michaël Grébil
Sopranino, alto, baritone saxophones: Christophe Monniot
Accordion: Christian Toucas
Bass clarinet: Alexandre Authelain
The KLIMT string quintet
Marimba, vibraphone, bells, snare drum, kettledrums, tom-toms, cymbals, other percussion instruments: Florent Jodelet
Second darbuka (VIII): Karim Kasmi
Zarb, bendir, other drums (XI): Jérémie Pontier
Additional oud (XI): Christelle Séry