NOTE D’INTENTION
JONATHAN PONTIER, COMPOSITEUR
Rembobiner la cassette…
Se savoir presque quarante ans et se revoir à 14.
Se revoir dans sa chambre d’ado, en génie ordinaire, banal égocentrique, plongé parmi les laves imaginaires et les cratères de rêves que viennent seulement cerner de réel le poster de Jim Morrison, entre les vinyles volés à mes parents et les livres d’école étalés sur le bureau.
Les parents : un alliage improbable de choses transmises que l’on chérit : les chants, l’anormalité, les vociférantes engueulades régulièrement entendues en bas, dans la salle à manger. Puis ce silence que l’on aimerait emplir de dessins et de mélodies…
Ses premières chansons, ses premières filles, création-libido-tout-entremélé, et la vision claire que rien ne saura être vraiment conventionnel dans la vie, si on la regarde au travers du filtre de ce que l’on veut faire : de la musique et rien que de la musique…bon. du théatre aussi…de la musique AVEC du theatre.
Se demander enfin, une fois revenu au présent, ce que l’on aurait été si, avec cette même idée, on avait pris un autre chemin. Celui du succès vu à la télé, celui de l’engagement radical, celui du…et puis nous, tel qu’en nous même. Serein.
Le spectacle Dans ma chambre est né de tout cela, de mon désir d’en parler aux personnes qui ont actuellement quatorze ans et qui si vite en auront vingt-six,
et aussi aux anciens ados, ceux de quarante et cinquante-six, tous passés par cette âge qui est bien plus qu’un âge : une période initiatique…
La création, l’absence, ce que l’on transmet, rêver, agir, sentir son coeur battre, vieillir, jouer, jouer, jouer de la musique jusqu’à ce que la nuit finisse…
Sur le plan musical, j’ai voulu me souvenir de ces années passer à apprendre à jouer dans ma chambre. Connecter des claviers à un magnéto, séquencer, improviser… Convoquer l’extrême sophistication des morceaux pop-symphoniques de Stevie Wonder, leur émotion directe, rejouer chaque partie du Rythm and the Saints de Paul Simon sur mon Korg M1, recopier inconsciemment les artefacts restés de ma première enfance musicale, Cabrel, Balavoine, Goldman… retrouver l’ambiance hypnotique des arpéggiateurs de Tangerine Dream, Pink Floyd…
Retrouver et affronter ces innocences…
Avril 2016
NOTE D’INTENTION
SAMUEL GALLET, AUTEUR
Suite à la séparation de ses parents et au départ de son père, Karl 14 ans décide de s’enfermer dans sa chambre et de faire de la musique. Considérant que le monde ne correspond pas suffisamment à ses attentes, il estime que c’est désormais aux autres de venir le voir pour assister à l’éclosion de son génie. Il se met alors à composer et lutte contre la tristesse qui l’étreint, découvrant que l’art et la poésie naissent peut-être toujours d’une absence irrémédiable.
A la croisée du théâtre et du concert, alternant entre incarnation fictionnelle et distanciation narrative, Dans ma chambre évoque sans doute en désordre : l’adolescence, les rêves et la réalité, le virtuel, internet, l’amour, l’avenir, le succès, l’échec, les guitar heroes, la mégalomanie, le snobisme, l’angoisse du monde extérieur, le besoin d’être aimé, reconnu, maudit, le solipsisme, les envies de suicide, les envies de gloire, la paresse, les rivalités, les jalousies, la naissance d’une vocation, la musique, l’ennui, la révolte, la nostalgie et la très grande jeunesse.
C’est pour moi un grand plaisir que d’avoir travaillé avec Jonathan Pontier une théâtralité mariant fiction dramatique et dit poétique, texte et musique pour parler de ce moment singulier qu’est l’adolescence où est née pour lui comme pour moi la nécessité de composer ou d’écrire parce que quelque chose, dans la vie, ne suffisait pas.
Avril 2016
Dans Ma Chambre /In My Room – avec Samuel Gallet (2015)
There’s a world where I can go and tell my secrets to
In my room In my room
In this world I lock out All my worries and my fears
In my room In my room
Do my dreaming and my scheming lie awake and pray Do my crying
and my sighing laugh at
yesterday Now it’s dark and I’m alone but I won’t be afraid
In my room In my room
The Beach Boys, 1962
Créé le 29 mars 2016 dans le cadre de la Semaine Extra – « les ados font le festival » au NEST – CDN de Thionville-Lorraine.
Conception et musique Jonathan Pontier
Texte et mise en scène Samuel Gallet
Interprètes : Jonathan Pontier et Martin Sève
Scénographie Grégoire Faucheux
Images et Vidéo Olivier Garouste
Lumière : Samaël Steiner
Régie plateau et régie générale: David Gallaire et Jérôme Lehericher
Production déléguée et administration NEST – CDN de Thionville-Lorraine coproduction Le Préau – CDR de Vire – Normandie
Avec le soutien du Ministère de la Culture et de la Communication, de la SACEM, et de L’École de la Comédie de Saint-Étienne/ DIESE # Rhône Alpes.
Diffusion NEST – CDN de Thionville Lorraine et Or Not… – Marthe Lemut
Avec la volonté de défricher l’espace que la scène ouvre entre musique et théâtre, Jonathan Pontier et Samuel Gallet convoquent leur propre construction personnelle, jalonnée des premiers désirs d’amour et de création, en racontant la chambre adolescente, ce labyrinthe des rêves où se forgent toutes les histoires, tous les désirs…entre mythologie rock et réalité, présent et passé.
Dans ma chambre, c’est à la musique en train de se faire que le public est convié, musique comme métaphore de la naissance d’un individu, d’un artiste, d’un humain.
Willing to create an open space between music and theater, Jonathan Pontier and Samuel Gallet convene their own personal construction, marked out by the first desires for love and creation. They tell the story of the teenage room, this dream labyrinth where every tale occurs, somewhere between rock mythology and reality, present, past and future…
« In my room » relates music being made in front of an audience, music as a metaphor for the birth of an individual, an artist, a human being.